12 bis rue de la Jonction, 58000 Nevers

Le vendredi 17 novembre 2023 se tient au Pot Commun la projection du documentaire « Un pays qui se tient sage » de David Dufresne.
Ce film bouleversant mettant en lumière la répression de plus en plus violente des manifestations citoyennes a inspiré à Eric, un des bénévoles du POCO, un texte plein d’émotions.
Le texte a par la suite été mis à l’honneur, porté par les voix des « Croqueurs de vie », un collectif de créateur·ices de projets sonores.

Découvre ici, en texte et en audio, la toute première participation aux Carnets de la forme de vie du Pot Commun !

Crédit photo : Patrice CALATAYU

Les gilets hérissés

Vous souvenez vous de cet hiver aux tons de fer ? Quand un soleil d’été dans les rues d’une capitale en sommeil, brusquement s’est invité.

Ces hommes, ses femmes, affublées d’un gilet jaune, ivre de colère, l’étendard dressé. Se ruant comme le torrent en furie dans les rues de paris ; que voulaient t ils ?

Ils voulaient la justice, niveler le prix des denrées, niveler l’aisance des privilégiés, ils voulaient un peu de douceur sociale, un peu plus d’égalité, la fin des tyrannies pour une plus grande fraternité.

Mais poussés a bout, hors d’eux même, ces choses justes et saines ; Ils les demandaient farouche, le pavé a la main, le rugissement à la bouche.

Ils proclamaient le juste, ils réclamaient le droit, avec violence sans doute, en demandant la lumière avec le masque de la nuit. ils étaient nous disait on: les féroces.

Oui, mais ils étaient féroce pour le bien, pour la civilisation.

Mais en face de ses hommes au demeurant farouches, il y avait d’autre hommes :
Sympathique, avenant, souriant, habillé avec gout, toussant au creux de leur coude, tenant leurs instincts à distance. Mesurant leur propos, contrôlant leur verbe afin qu’il ne résonne pas trop haut.

ET qui accoudé a une table dans un bureau luxueux, insiste doucement pour le maintient de leur train de vie fastueux, de leurs pulsions malsaines, de leur cupidité immense, de leur orgueil boursouflé.

Glorifiant à demi mots l’esclavage au boulot, la matraque, le L B D, le flic en armure, le char au coin de la rue. Sans oublier bien sur, la croissance infinie de leur putain de magot.

Et bien moi, s’il m’est donné de choisir entre les féroces de la civilisation ou bien les civilisés de la férocité.

Je choisis les féroces.

Eric Bouchet.

Voix, enregistrement et mixage : « Les Croqueurs de vie »