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Crédit image : "Le monde politique" de Noël DORVILLE, caricaturiste, 1874-1938

Tout l'éclat du scandale

Dans le chapitre dix, d’un livre canonique, Luc écrit en lettre de feu :

Il est impossible qu’il n’arrive pas de scandale, mais malheur a celui par qui les scandales arrivent.

Eh bien malheur a moi, car j’invoque avec ferveur la vigueur de son éclat et la puissance de son désastre.

Je veux le scandale authentique, pour ces Jupiters tout puissant qui méprisent ceux qui ne sont rien, croisés au hasard dans les gares comme dans les rues ; et qui exercent sur eux des fonctions d’autorités, de puissance, pour les diriger, c’est-à-dire les dominer, c’est-à-dire leur faire violence.

Et dans l’entre soit mielleux, de leurs bureaux guindés, Il leur apparait tout à fait naturel d’imposer aux autres leurres structures conservatrices ; en arraisonnant les consciences dans des sillons de désirs uniformes et consensuels.

Mais dites moi donc je vous prie ce que valent leurs fameuses structures dans cet étrange partage des richesses entre quelques privilégiés, et l’immense troupeau des dépossédés ?

Mais que valaient-il leur fameux conservatisme, au règne du roi bourgeois, ou pour le prolétaire la misère était la règle et l’accident la loi ?

Et leur démocratie de nantis ou la propriété lucrative fut élevé au rang des dieux ; mais qu’a telle donc produite ?

Des crs, des gardes mobiles, des voltigeurs en moto, qui manient le bidule, la matraque, sur les ponts, au pied des magasins huppés, dans les cours des usines, aux portes des métros.

Et les préfets gantés du grand capital qui sourient derrière leurs chevaux, derrière leur char d’assaut, en veillant a ce qu’il n y ai pas trop de bordel, de révolte dans la grande structure boutiquière et affairiste ; ou le prolétariat doit pour survivre, se vendre comme une putain.

Souviens-toi du printemps 1871 et des parapluies hystériques de leurs femmes crevant les yeux des communards sur les pavés de Versailles.

Et cette percée par l’ouest de paris ou une armée de soldats revanchards, ivres d’alcool, de rage et de sang sonnèrent l’hallali en massacrant allègrement le long d’un mur femmes, vieillards et enfants.

Ou nous ont-elles conduites les grandes idées mercantiles de tous ces margoulins marchands de canons et de balles au début du siècle dernier ?

Dans des champs d’horreur et de boues, ou entre deux assauts, des hommes dans l’éclat de leur jeunesse, le flanc percé par la baïonnette, la gueule en sang, avant de sombrer dans le néant ; imploraient pour la dernière fois la douceur de leur mère.

Je salue la vierge rouge qui, sous les balles versaillaises, descendait des barricades pour mettre à l’ abri les petits chats qui s’y aventuraient. Elle, qui au jour de son procès réclama la mort au tribunal bourgeois en lui crachant au visage toute la haine qu’elle lui portait.

Je rends hommage au mutin du chemin des dames en 17, qui tournèrent leurs armes contre les généraux sénile et sanguinaire qui depuis trois ans ne cessait de les sacrifier sur l’autel de leur absurdité.

Je m’incline devant ces ouvrières de st Etienne qui se couchèrent sur les rails pour arrêter les trains chargés de chants guerriers, de cocarde ,et d’obus et que les trains écrasèrent.

Je salue la mémoire de ses jeunes résistants retranchés dans les maquis du Vercors ; qu’un général st syriens en exil a laissé massacré pour le simple fait qu’ils furent communistes.

Jaurès a dit :

C’est en allant vers la mer que le fleuve est fidèle à sa source.

Alors mes amis allons vers la mer, unissons nous, devenons athées a leur religion d’argent qui nous a tant divisé.

mettons nous a l’école de la classe des lutteurs jusqu’à la mort, qui surent arracher d’entre les griffes de leurs maitres, les justes salaires, l’éducation pour leurs enfants, la retraite pour leurs vieux, la sécurité sociale, l’allocation familiale.

Ils n’auront jamais assez de balles, et de matraques pour nous tous et nous avons le pouvoir du nombre qui soyez en sur les fera plier.

Soyons unis camarades car les voila, c’est sur nos vies qu’ils marchent, ce sont nos acquis qu’ils piétinent.

Mais je te le déclare mignonet bourgeois aux oreilles bien dégagées :

Voici l’automne de tes jours, car bientôt se lèvera une aube nouvelle, et dans son ciel orange, le souffle terrible de la révolte aura étouffé dans un baiser mortel, les braises encore rouges de ton vieux monde qu’il aura su rompre et dévaster.

Eric Bouchet